Aimes-tu les grosses voitures?
Avec Drive, Nicolas Winding Refn transcende l’univers des course-poursuite à bord de gros bolides propre au séries B.
Mais pour comprendre le transport mélancolique et hypnotique que ce film provoque avec une simple histoire de chauffeur de braquages minables, il faut regarder le méchant de l’histoire qui lui-même, dans l’espoir de fric facile, avoue avoir produit dans les années 80 des séries B '‘des trucs sexy avec des grosses voitures''. Ironique avertissement qu’ici les limites d’un registre vont être explosées, offrant plutôt l'anti-thèse d'un blockbuster à la ''Fast and Furious'. Un o.v.n.i. cinématographique qui certes respecte les codes du genre avec les poussées d’adrénaline de rigueur lorsque la gueule d’ange triste de Ryan Gosling arpente en quête de rédemption à bord de son bolide un Los Angeles scorcesien, vêtu d’une veste argenté au scorpion orangé avertissant l’imprudent qui se mettra sur son chemin tel le Robert de Niro de Taxi Driver avec sa crête punk.
Épurée des dialogues pour révéler les personnages, les émotions passent par le style, la musique- la fascinante science de l’esthétique que possède le surdoué Refn. Ce dernier adorant les taiseux, même s’il ne signe ici pas le scénario, marque de son empreinte son driver qui est en ça similaire à One-eye, dans l’épopée métaphysique « Le guerrier silencieux ». Avec la vitesse et la violence d’une course automobile de Destruction Derby où le but est d’envoyer les bolides aux grosses cylindrés des concurrents à la casse, et à l’instar de ‘‘Irréversible’’ de Gaspard Noé, le film de Refn révèle le bouillonnement intérieure des personnages anodins qui s’exprime dans des actes de barbaries- à la différence près qu’ici, notre héros devient une bête capable de tuer lorsqu’il rencontre l’amour en une sensible jeune femme, sa part de fragilité incarné, et une belle romance inachevée.